Le projet NourDem

Le projet vise à réaliser des campagnes annuelles de chalutage dans les trois estuaires de la Seine, de la Loire et de la Gironde afin de :

  • Produire des indices de peuplement déterminés globalement, à l'échelle des communautés faunistiques peuplant les trois estuaires.
  • Produire des indices d’abondance annuels pour les espèces majeures, d'intérêt halieutique et/ou patrimonial, et en particulier pour lesquelles les trois estuaires représentent des nourriceries. Ces indices visent à être utilisés par les gestionnaires locaux de ces espaces remarquables, ainsi que par les halieutes du Conseil International pour l'exploration de la Mer (CIEM) qui produisent chaque année des avis pour la gestion des ressources et des écosystèmes marins à l'intention des Etats membres de l'Union.
  • Cartographier les principales zones de nourriceries et acquérir des données qui, à terme, devraient permettre d'identifier les facteurs environnementaux susceptibles d'expliquer ces distributions spatiales (salinité, profondeur, etc.),
  • Évaluer la « qualité » des trois estuaires en tant que zones de nourricerie, en se basant sur des comparaisons des vitesses de croissance, des évaluations des niveaux de stress et de contamination (métaux traces et composés organochlorés) chez des juvéniles de bar européen Dicentrarchus labrax, espèce retenue comme sentinelle.

Les nourriceries au sein des estuaires de la Seine, de la Loire et de la Gironde

Pont de St Nazaire lors de Nourdem Loire

Les trois estuaires de la Seine, de la Loire et de la Gironde drainent des bassins versant qui couvrent un peu plus de la moitié de la surface de la France métropolitaine, et hébergent 52% de la population nationale. Ces trois estuaires, majeurs à l’échelle de la façade Manche et Atlantique française, sont également des zones fonctionnelles essentielles pour de nombreuses espèces marines et d’eaux saumâtres. Ils constituent notamment des zones de nourricerie, c’est-à-dire des espaces privilégiés de survie et de croissance des juvéniles de poissons, céphalopodes ou crustacés au cours de leurs toutes premières années de développement.

Le projet NourDem a permis de confirmer les espèces pour lesquelles ces trois estuaires représentent des nourriceries essentielles, et de produire des cartographies de répartition spatiale ainsi que des indices annuels d’abondance pour les espèces principales et/ou majeures économiquement.

De tels indices d’abondance, provenant des zones de nourricerie, sont en effet utiles, à la fois localement, pour les décideurs et gestionnaires en charge des programmes de suivi et de préservation des trois estuaires, ainsi que pour les chercheurs œuvrant au sein du CIEM (Conseil International pour l’exploration de la Mer) car ils contribuent à améliorer la précision des modèles halieutiques d’évaluation de l’état des stocks et de prévision de leurs évolutions. Et être à même d’identifier les bonnes ou mauvaises années de reproduction et de survie des plus jeunes juvéniles, est une des conditions pour estimer l’importance des flux de jeunes poissons qui deviendront exploitables une fois qu’ils auront atteint la taille minimale de capture (« recrutement sur les pêcheries »). Les groupes de travail du CIEM en charge de l’évaluation de l’état des stocks du bar européen demandent d’ailleurs depuis 2014 aux Etats membres la mise en place de telles campagnes de chalutage afin d’affiner leurs avis et recommandations sur les mesures de gestion à prendre concernant cette espèce (dont les juvéniles se développent dans des nourriceries estuariennes et côtières pendant leurs trois premières années vie).

Spécificités et réalisations du projet

L’une des spécificités du projet est de systématiquement réaliser les campagnes d’échantillonnage (chalutages) à bord de petits chalutiers professionnels locaux, dans le cadre d’une coopération « Scientifiques/Pêcheurs ». Cette coopération permet de disposer de la parfaite connaissance des zones par les patrons pêcheurs d’une part, ainsi que de navires à faible tirant d’eau d’autre part, ce qui autorise le chalutage par très petits fonds, là où se trouvent les principales nourriceries.

Une autre spécificité du projet est d’avoir développé un chalut d’échantillonnage scientifique moderne, le chalut « GOV Ifremer NourDem 16,45X11,90m ». Ce chalut à Grande Ouverture Verticale (7 m x 2m) est le fruit d’une collaboration entre des pêcheurs professionnels du Comité Régional des Pêches de Bretagne et du laboratoire Ifremer STH regroupant les halieutes de Brest et les ingénieurs en technologies des pêches de Lorient. Il a été développé entre 2014 et 2016, spécifiquement pour l’échantillonnage des nourriceries estuariennes, et notamment celles du bar européen dans le cadre du projet national Bargip. L’expérience acquise depuis montre qu’il est performant pour l’échantillonnage de l’ensemble des compartiments des écosystèmes côtiers, qu’il s’agisse des espèces benthiques (individus posés sur le fond : crabes, crevettes, soles, flets, raies…), démersales (espèces vivant dans la colonne d’eau, mais pouvant avoir des interactions avec le fond : bars, merlans, mulets, maigres…) et même pélagiques (espèces vivant dans la colonne d’eau sans interaction avec le fond : maquereaux, chinchards, sprats, anchois…) dans les secteurs de petits fonds.

Pour produire les cartographies de répartition des espèces principales et les indices d’abondance attendus, le projet a testé différentes méthodes de traitement des données, reposant sur des stratifications des espaces échantillonnés (mono stratification d’une part, et post-stratifications d’autre part), ainsi que différentes méthodes géostatistiques.

Le projet s’est également attaché à réaliser une première évaluation la qualité des trois estuaires en tant que nourricerie entre 2018 et 2021. Pour cela, des indices de l’état de santé physiologique de juvéniles ont été produits, basés sur des mesures de condition corporelle, et, chez le bar, sur des comparaisons des courbes de croissance, et sur des dosages de cortisol (hormone secrétée lors des épisodes de stress) et de divers contaminants chimiques.

Les différentes phases du projet et les partenariats financiers et opérationnels

Le projet NourDem a connu différentes phases qui ont chacune fait l’objet de contractualisations et de partenariats :

  • Les projets NourDem trouvent leur origine dans le projet « Bargip Nourriceries » (2014-2016), mené, à la demande de la DPMA (Direction des Pêches Maritimes et de l’Aquaculture du Ministère en charge de la pêche), en collaboration entre l’Ifremer et le CNPMEM (Comité National des Pêches Maritimes et Elevages marins). Ce premier projet a bénéficié du soutien financier de la DPMA et de FFP (France Filière Pêche) et du soutien opérationnel des CRPMEM (Comités Régionaux des Pêches Maritimes) de Bretagne et des Pays de la Loire (COREPEM). Il a permis la validation du protocole (avec notamment la création et la mise au point du chalut Ifremer-NourDem 11,90X16,45) et la production d’un premier jeu de données fiables sur l’estuaire de la Loire en 2016.
  • En 2017 et 2018, plusieurs phases annuelles du projet NourDem ont été conduites dans les estuaires de la Loire et de la Seine, dans le cadre de collaborations entre l’Ifremer, le CNPMEM, la DPMA et FFP, et avec le soutien opérationnel des CRPMEM de Normandie et des Pays de la Loire. La campagne Seine 2018 a de plus bénéficié du soutien financier de plusieurs Organisations de Producteurs (OP Coopératives Maritimes Etaploises, OP Normandie, OP COBRENORD, FROM Nord et OP Pêcheurs de Bretagne) ainsi que de celui des deux CRPMEM de Normandie et des Hauts de France.
  • Le contrat 2019-2021 a été conduit avec les mêmes partenaires opérationnels : l’Ifremer et le CNPMEM ont assuré la coordination générale du projet, en bénéficiant du soutien technique des Comités Régionaux des Pêches et Elevages Marins de Normandie, des Pays de la Loire et de Nouvelle Aquitaine. le financement a été assuré par le fonds FEAMP de l’Union Européenne (Mesure 40 « Protection et restauration de la biodiversité des écosystèmes marins dans le cadre d’activités de pêche durable »), par la DPMA et par FFP. Cette phase 2019-2021 a permis l’échantillonnage des estuaires de la Seine et de la Loire, mais aussi de celui de la Gironde.
  • La phase 2022 a, à nouveau porté sur les trois grands estuaires de la Seine, de la Loire et de la Gironde, et, à nouveau, a été conduite dans le cadre du FEAMP (Mesure 40), avec le soutien financier de la DPMA et de France Filière Pêche (FFP). Le suivi financier pour le compte de l’Union et de l’Etat a été assuré par la Direction Interrégionale de la Mer de la Manche-Est et de la Mer du Nord (DIRM MEMN). Les trois Comité Régionaux des Pêches concernés y ont apporté leur soutien opérationnel : CRPMEM de Normandie, COREPEM et CRPMEM de Nouvelle Aquitaine.

Partenariats opérationnels

Partenaires NourDem

Partenariats financiers

Financeurs NourDem